01.12.18 19h Screenings L’Ordre by Jean-Daniel Pollet et Fast Trip Long Drop by Gregg Bordowitz
Dans le cadre de la Journée mondiale du Sida et autour de l’exposition Encore (Gary Hurst, Valérie Horwitz), deux films qui bouleversent la réflexion sur la maladie par leur audace, leur puissance d’invention.
Jean-Daniel Pollet, L’Ordre
1973, 44 minutes
avec la collaboration de Maurice Born et Malo Aguettant.
Scénario : Maurice Born / Image : Jean-Daniel Pollet / Montage : Jean-Daniel Pollet et Maurice Born
Le film est commandité par les Laboratoires Sandoz.
Le sociologue Maurice Born, après deux ans d’étude des lépreux, souhaite tourner à Spinalonga (Grèce, Crète, Département du Lassithi, au nord d’Agios Nikolaos). Cet îlot, relié à la terre par une digue, face à Elounda, abrite depuis 1575 une forteresse de la République de Venise, devenue turque en 1718. Le gouvernement grec en fait en 1904 le lieu de relégation de ses lépreux.
Cette dernière léproserie d’Europe abrite de 300 à 400 lépreux, en relative autonomie, jusqu’en 1956, date où les survivants reviennent en structure hospitalière près d’Athènes, parce qu’on sait alors les soigner. Ils ont appris à résister au rejet, à l’abandon, mais restent incapables de revenir au monde.
Raimondakis, fils d’avocat, devenu lépreux, enfermé pendant 36 ans, et survivant, se fait le porte-parole des lépreux.
Gregg Bordowitz, Fast Trip Long Drop
1993 / 16mm / color / sound / 1S / 54′ 00
«FAST TRIP, LONG DROP est une oeuvre «personnelle», une série de portraits vrais ou mis en scène, qui visent à accomplir divers exorcismes liés au statut de Bordowitz, atteint du sida. Parmi les stratégies formelles, on relève la fouille d’archives à la fois personnelles (les manifestations d’Act Up) et historiques (des films d’époque en noir et blanc sur les accidents de voiture et les exploits physiques), la mise en scène de parodies des personnalités. et des programmes de télévision (Living with AIDS devient Thriving with AIDS ; la figure-modèle Magic Johnson devient Hex Larson ; Larry Kramer devient Harry Blamer, etc.), ainsi qu’une série d’apostrophes directes à la caméra (le personnage alternant entre le «véritable» Bordowitz et son alter ego fictif, «Alter Allesman»; cette dernière figure renvoie à la conscience de Bordowitz de son héritage juif que la vidéo met au premier plan, une référence encore affirmée par la bande-son des Klezmatics et par le nom même de «Alter Allesman», un équivalent de «Everyman». (…) Une des approches vidéo les plus prometteuses de ces dernières années, une oeuvre qui dans sa rage et dans sa crainte (ainsi que dans sa connaissance des limites de ce que le medium peut accomplir face au Sida) devient un chef-d’oeuvre dans un genre qui jusqu’ici était privé de ce luxe.»
Bill Horrigan.