2016-2019 atelier cinéma avec Séverine Mathieu, ‘TOIT ET MOI’
TOIT ET MOI’
Un atelier d’écriture et art visuel associé à la réalisation d’un film.
Un groupe d’usagers de la psychiatrie exprime comment ils regardent et ressentent leur logement, leurs voisins et leur quartier.
Séance hebdomadaire avec le groupe en période scolaire.
Période : 2015-2019.
Accompagnement à l’écriture et au développement : Image de ville (Bruno Jourdan et Luc Joulé).
Partenaires : Centre hospitalier Edouard Toulouse / Centres Médico Psychologique site Pressensé et site Belle de Mai Remerciements aux soignantes : Marianne Jannez, Naïma Saci, Virginie Lehmann et Sabrina Bouttier
«Habiter une ville c’est partager avec d’autres l’histoire oubliée de cette ville.» Bernard Salignon, philosophe
« Sans la peinture, l’espace ne serait que consommé et pas perçu » Markus Lüpertz, peintre
RECIT
L’histoire de ce film est celle que vivent des usagers de la psychiatrie dans des appartements situés dans les quartiers du centre ville de Marseille. Entre des périodes d’hospitalisation, ces usagers accèdent à un appartement, y vivent des moments et des émotions importants, seuls ou en présence des soignants, et se nourrissent d’une vision imaginaire de leur habitat qui les ancre dans la ville. Ils affrontent le face à face avec leur appartement. La maladie mentale demeure, tapie dans un coin de leur être. Pour autant, une certaine inclusion dans le tissu urbain est à l’œuvre.
Trois matières feront la texture du récit commun : Un groupe d’usagers de la psychiatrie exprime comment ils regardent et ressentent leur logement, leurs voisins et leur quartier. Aux alentours de ces logements, à proximité, se dessine l’espace commun de friction entre ces usagers et leurs voisins. La cité, incarnée par le corps social et/ou thérapeutique, définit les règles de ce partage.
CONTEXTE
Aujourd’hui, en France, la ‘grande folie’ n’existe presque plus. Ce qui persiste c’est la ‘maladie mentale’ ou le ‘handicap psychique’, une zone intermédiaire caractérisée par l’étrangeté qui se glisse dans la perception de la réalité. Prise nettement plus tôt, stabilisée avec des médicaments d’un autre type, la maladie mentale n’empêche plus de fonctionner parmi les autres, les ‘normaux’.
Clarisse, Nicolas, Franck, Laetitia, Antoine et d’autres… vivent, travaillent parfois, aiment, et surtout gardent un logement autonome.
Leur inclusion dans la ville s’est faite et se fait encore dans un rapport de force : l’hôpital, fermant de nombreux lits depuis les années 80, a développé une politique d’ouverture vers la Cité et les poussent vers elle. Mais la ville, notamment le voisinage, restent réfractaire à être leur terre d’accueil. Des équipes de soin, articulées au corps social et urbain, sont placées au milieu de cette contradiction.
Les usagers de la psychiatrie posent sur la ville leur regard emprunt d’étrangeté. De chambre meublée en appartement thérapeutique, de studio privé en structure municipale, ils essayent d’habiter un espace : leur identité fragilisée peut-elle s’ancrer dans un sol ? l’image de leur corps peut-elle se réunir dans un espace limité ? leur rythme peut-il s’accorder avec celui de la ville alentour ?
Les regarder vivre dévoile un envers de la Cité vécue a contrario de l’espace des autres— mais parmi les autres. Et interroge : qu’est-ce qu’habiter ? qu’est-ce qu’être présent au monde ?
Articulant le point de vue des usagers de la psychiatrie à celui de la Cité, le film cherche à délimiter un espace commun et de hiatus où entrent en alliance et en conflit les ‘fous’ et les ‘normaux’. Plus que sur la psychiatrie, c’est un film sur l’habiter.