16.11. 19h Poètes sahraouis hispanophones : des nomades en exil ? une proposition de la Librairie TRANSIT
La compagnie accueille la librairie TRANSIT pour une soirée de lectures poétiques par Mick Gewinner, traductrice, le jeudi 16 novembre à 19h.
LA GENERATION DE L’AMITIE SAHRAOUIE :UN MOUVEMENT D’ANTHOLOGIE !
La nouvelle poésie hispanophone du Sahara occidental, l’ex Rio de Oro de la colonisation espagnole, constitue avec celle de Guinée équatoriale un exemple dynamique de littérature hispano-africaine : en lutte permanente pour résister aux pressions de toutes sortes, dénoncer la trahison de l’Espagne, l’occupation marocaine, les manœuvres des Français, les lâchetés ou l’oubli des institutions internationales, elle lutte aussi pour se forger une identité.
L’espagnol, souvent appris à l’école de la colonisation, est devenu la langue de la résistance qui permet de se distinguer des voisins francophones, Algérie, Maroc et Mauritanie. Au risque d’une autre acculturation?
Pour s’en protéger, les poètes sahraouis hispanophones forgent recueil après recueil, vers après vers, une langue nouvelle, langue métisse imprégnée du vent sur les dunes, des montagnes et des mirages dans le lointain des horizons des rites de la tente et des vers de la tablette, dans la paix du campement.
Poètes sahraouis hispanophones : des nomades en exil ?
Une proposition de la Librairie TRANSIT
Poème de Bahia Awah
Hiéroglyphes de l’exil
Quand j’étais enfant
quand je gardais
les dromadaires
on disait je l’entendais :
« la gazelle meurt en sa sécheresse ».
Dans mes années déracinées
m’en suis allé déchiffrant
de mes ancêtres les hiéroglyphes
comme un vers lâché
anonyme
survivant
à des siècles d’oubli.
Pauvre, riche de ma condition sahraouie,
c’est ainsi que je vous le dis, poète hispanique
comme Machado
comme Lorca
comme Neruda
comme Badi
ou comme Beibuh.
Poète contre les rois, poète de guérilla,
pour la liberté, un jour d’allégresse
mourra mon cœur.
Jeroglíficos del exilio
En mi infancia como pastorcito
de dromedarios,
escuchaba decir:
«la gacela muere en su sequía ».
En años de destierro
he ido descifrando
ancestrales jeroglíficos
como un verso suelto,
anónimo,
sobreviviendo
siglos de olvido.
Pobre, y rico, de mi condición saharaui,
así se lo digo, poeta hispano,
como Machado,
como Lorca,
como Neruda
como Badi
o como Beibuh.
Poeta antimonárquico y guerrillero,
por la libertad, un día alegre
morirá mi corazón soberano.
Mohamed Abdelfatah Ebnu
Survivre à la guerre
Qui a dit
la guerre est finie.
Pour qui ? Pour les morts peut- être.
Survivre à la guerre
c’est porter sur ses épaules
le poids du corps absent.
Et le cœur embusqué dans une bataillese
remplit de cris à vous congeler l’âme.
Sobrevivir a la guerra
Quién dijo
que se terminó la guerra.
Quizá para los muertos.
Sobrevivir a la guerra
es llevar acuestas el cuerpo ausente.
Y el corazón emboscado en una batalla
lleno de gritos que nos congelan el alma.
Émigrants
Année après année
ils traversent le détroit
à la recherche de la paix.
Du nord au Sud.
Du Sud au Nord.
Leur liberté
ne connaît rien aux lois
ni aux autorisations
ni aux frontières.
Ils descendent et ils montent.
Ils montent et ils descendent
réunissant les continents
qui séparent les hommes.
Emigrantes
Año tras año
Cruzan el estrecho
Buscando la paz.
De norte a sur.
De sur a norte.
Su libertad
no conoce de leyes
Ni de permisos
Ni de fronteras.
Bajan y suben.
Suben y bajan
Uniendo los continentes
Que separan a los hombres.
Chejdan Mahmud
Ode à ma cité
Aujourd’hui est toujours encore
Pauvre malheureux !
me dit- on un jour,
ça fait rien, passai au large.
Homme sans foi !
une fois j’entendis ça,
poursuivis mon chemin.
Fils de très grande putain !
me cria quelqu’un,
et là, je gardai mon sang- froid.
Effronté !
ou bien Idiot ! ou Imbécile !
je crus comprendre ça
à certaines grimaces là,
et je n’en ai pas fait cas.
Que dire ?
Moi je suis simple mortel,
eux sont des poètes.
Ode à ma cité
Hoy es siempre todavia
Pobre infeliz,
me dijeron un día,
nada, pasé de largo.
Incrédulo,
oí una vez,
seguí caminando,
¡hijo de la gran puta !,
alguien me gritó,
y, seguí sereno.
Sin vergüenza,
o, tonto o, imbécil,
me pareció intuir
de unos gestos,
no hice caso.
¿Qué puedo decir ?,
si yo soy un simple mortal,
y ellos son poetas.