15.03.2024 – 19h & 16.03.2024 – 10h-00h Cosmogramme #1 : Spectographie des territoires de l’envers une proposition de Dénètem Touam Bona

Une proposition de Dénètem Touam Bona et la compagnie, lieu de création
Vendredi 15 mars à partir de 19h
& samedi 16 mars de 10h à 00h
avec le soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso

**********le programme en pdf se trouve ICI!

**********les enregistrements des interventions par Radio Grenouille sont à écouter ICI!

Cosmogramme #1 :
Spectographie des territoires de l’envers
Il faut tirer l’existence par les cheveux !
Sony Labou Tansi (L’acte de respirer)
Hélène Artaud – Linda Boukhris – Tiphaine Calmettes – Soeuf Elbadawi – Gilles Élie-dit-Cosaque – Justine Feyereisen – Géraldine Le Roux – Maya Mihindou – Mihindou Myriam & Annie-Flore Batchiellilys – Matthieu Noucher – Paul- Emmanuel Odin – Hugo Rousselin – Thierry Thibaut / Aurélie Blanfuné – Dénètem Touam Bona

 

Des bêtes qui nous observent et qui délivrent aux initié•es un enseignement secret, des mondes renversés depuis les littératures des Suds, des déchets marins convertis en nouvelles cosmogonies aborigènes, des résonances poétiques entre les entrailles de la terre crue et celles de nos corps dénudés, une fugue insurrectionnelle depuis le blanc des cartes, des biologistes qui basculent de l’autre côté du miroir des eaux, un arpentage à rebours de la modernité coloniale donnant accès à d’autres futurs, des eaux caraïbes qui ont « viré » en royaume des morts, une rivière asséchée d’où jaillit un verbe torrentiel, une fusée carburant à la poésie de Césaire pour atteindre les Zétwal, etc.
C’est à une « Spectrographie des territoires de l’envers » que vous invite, les 15 et 16 mars 2024, la Compagnie (lieu de création marseillais à Belsunce). C’est en effet sous le signe de l’envers, des gestes de renversement et des renversements de perspectives, que seront lancées, les « Cosmopoétiques du refuge », un projet de recherche-création archipélique, porté par la Compagnie et soutenu par la Fondation Daniel et Nina Carasso, qui doit se déployer sur 3 ans en une série d’escales constituant autant de « cosmogrammes » : des espace-temps visant à proposer d’autres versions de la « réalité » – des sub-versions – via une réhabilitation de la puissance des rêves, de la poésie et de l’utopie en acte, tout cela en « correspondance » avec la recherche scientifique la plus contemporaine (biologie marine, anthropologie, géographie, etc.).

Dénètem Touam Bona

S’il y a bien une expérience qui est à la source de toute aspiration utopique, c’est celle des mondes à l’envers du rêve où toutes les contraintes du quotidien et toutes les normes en vigueur peuvent être suspendues, transgressées, renversées. Le temps d’un songe, les poissons volent dans les airs, les enfants gouvernent, le livre lit son lecteur, etc. « Comme l’imagination prête un corps aux choses inconnues, la plume du poète leur donne une figure, et assigne à ces bulles d’air un lieu dans l’espace et un nom », nous rappelle Shakespeare dans Le songe d’une nuit d’été. C’est dans les mouvements et gestes nés de l’envers que nous expérimentons nos premières utopies et nos premières fugues. Depuis l’envers se trament de nouvelles versions du monde, des sub-versions, des versions souterraines et hérétiques déjouant le There Is No Alternative (TINA) d’un ordre néolibéral qui, par sa prétention au monopole de la « Réalité », nous asphyxie. Les « cosmopoétiques » renvoient à un exercice de l’imagination et à des pratiques d’expérimentation (que ce soit dans l’art, dans les sciences ou dans des lieux alternatifs) visant à produire – grec poiêsis – des mondes divergents et désirables. Produire un « dehors », retrouver le souffle d’une con-spiration créatrice !
« Peut-être que l’outrage méritant un nom comme l’anthropocène est la destruction des lieux et des temps de refuge pour les peuples humains et autres créatures », remarque Donna Haraway à propos de notre situation présente. Dans le combat pour cultiver et défendre des refuges – des mondes polyphoniques et pluriversels -, il est vital de puiser dans les gestes et puissances de celles et ceux qui nous ont précédés, qui nous côtoient, nous enveloppent et nous habitent, souvent à notre insu : les ancêtres, les esprits, les éléments, les créatures de l’infiniment petit, etc. D’où le recours à une spectrographie, à une cartographie de l’invisible, de ce qui « insiste » furtivement  y compris sous des formes et en des lieux inattendus comme ces « Ghostnets » (filets de pêche fantômes) à travers lesquels les Aborigènes d’Australie donne une nouvelle expression à leur « Dreaming ».
L’envers qu’il s’agit de spectrographier renvoie autant à l’envers de la surface des eaux qu’au monde des morts. Undrowned (Non-noyées), d’Alexis Pauline Gumbs, un des textes de référence des « Cosmopoétiques du refuge », permet justement d’articuler la question des morts et des mémoires profondes à celle des profondeurs océaniques. Une des choses qui nécrosent le plus nos sociétés globalisées, c’est justement le déni, la négation systémique de la mort et de toute négativité (maladie, vieillesse, etc.). Dans L’ivrogne dans la brousse, Amos Tutuola rappelle avec humour qu’on ne peut se rendre au pays des morts qu’en marchant à l’envers. Ce que nous proposons, dans un tremblement, c’est une pratique singulière de l’envers indissociable d’un rapport à la mort en tant que puissance de vie et de sédition. Dans les mondes afrodiasporiques, le soin des morts est célébration de la vie mais aussi soin offensif, car les spectres réclament toujours justice quitte à (r)enverser l’ordre des choses. Mais les morts ne font pas que demander des comptes, ils proposent aussi d’accomplir, à notre manière et selon nos propres impératifs, les futurs auxquels ils ont pu aspirer. La meilleure manière de commémorer les souffrances et les luttes des opprimé.es, c’est de féconder les rêves qu’ils ont pu nous léguer. C’est pourquoi toute spectrographie comporte forcément une dimension utopique et subversive.
Échappée de nos corps pour rejoindre le bleu des océans, la moindre goutte d’eau recèle un cosmos en expansion. Les Cosmopoétiques appellent à célébrer ces courants de vie aquatiques qui nous traversent et nous débordent jusqu’à la « submersion »… D.T.B.

 

 

 

 

 

 

Philosophe et artiste, Dénètem Touam Bona s’attache à repenser la question du refuge à la lumière de l’expérience historique du marronnage (arts de la fugue des esclavisé•es ). Face à l’abolition en cours du droit d’asile, face à l’extinction des espèces vivantes, face à l’empire croissant des algorithmes sur nos vies, il appelle à la réactivation des arts marrons du camouflage. Il est notamment l’auteur de Fugitif, où cours-tu ? (Presses Universitaires de France, 2016) et de Sagesse des lianes (Post Editions, 2021). En 2021 – 2022, au Centre d’art et du paysage de Vassivière, Dénètem a proposé l’exposition afrodiasporique « La sagesse des lianes » (20 artistes de Madagascar, de la Nouvelle-Calédonie, etc.) et l’œuvre collaborative « Spectrographies, contes de l’île étoilée » (avec des performeuses de la Martinique, du Gabon et de la Réunion).

PROGRAMME DU 15/03

19h

Dénètem Touam Bona et Paul-Emmanuel Odin
Introduction

 

Thierry Thibaut / Aurélie Blanfuné
Ecologie marine : une science en immersion
Comme dans les arts, un scientifique se doit d’être créatif, toujours se remettre en question, inventer sans cesse de nouvelles expériences pour saisir la complexité du vivant. Traverser le miroir des eaux, masque sur le nez et palmes aux pieds, c’est faire l’expérience, comme Alice, entre frayeur et émerveillement, d’un monde nouveau sans repères. Puis à court d’air, on remonte et repasse le miroir dans l’autre sens, séjournant quelques minutes en surface encore étourdi par le vertige. De retour dans nos laboratoires, vient le temps des analyses, des mathématiques et des réponses aux milles questions que l’on se pose.
Aurélie Blanfuné est chercheuse en écologie marine, cartographe, elle retranscrit la complexité des habitats et des paysages sous-marins. Elle analyse les variations spatiales et temporelles de ces habitats à travers le temps. Elle travaille au MIO, à Marseille, où elle dirige la plateforme de Taxonomie. En plus de sa compétence de cartographe, elle est phycologue, spécialiste des algues. Elle est plongeuse professionnelle.
Thierry Thibaut est Professeur d’écologie marine d’Aix-Marseille Université, il travaille au MIO, où il a dirigé pendant des années l’équipe de recherche Écologie marine et Biodiversité. Il est co-responsable du Master Sciences de la Mer. Il travaille sur le fonctionnement des écosystèmes littoraux : il s’attache à comprendre la complexité des changements de végétation marine dans les mers et les océans. Il est plongeur professionnel.

 

Apéritif dinatoire, prix doux

 

Le jour où des lambis érodés dévoilèrent des pans de cimetières
Vìré fiction de Hugo Rousselin (tournée en Guadeloupe, en 2016, 20mn).
Projection. Ce film nous amène à percevoir les profondeurs marines comme un espace d’initiation et comme un lieu d’échange entre entités d’outre-tombe et personnes au cœur battant.
Suivi d’un temps de palabre poétique avec le réalisateur.
Hugo Rousselin est poète et réalisateur. Il publie son premier recueil poétique en 2013 puis réalise son premier court métrage, lauréat du G.R.E.C. l’année suivante.  Il a réalisé cinq courts métrages de fiction: Pays rêvé pays réel, Tètèche, Vìré, Lève tes morts, et en 2024 Opo Taampu. En 2021 est sorti le documentaire Cirq’Amazonia, 52′ sur le processus pédagogique d’une troupe de cirque dans le haut Oyapock en Guyane Française. En 2022 il a réalisé avec Dénètem Touam-Bona, Spectrographie contes de l’îles étoilées, un ensemble de 3 films en VR. Par ailleurs, il a édité deux recueils de poésie, B. met des Bombes et Les Magnétites.

« Zétwal » de Gilles Élie-dit-Cosaque (52mn, 2008)
Projection. Au milieu des années 70, dans une Martinique empêtrée dans des problèmes sociaux, un homme, Robert Saint-Rose, grand admirateur d’Aimé Césaire, met sur pied un projet insensé : être le premier français dans l’espace.
Conviant responsables politiques, scientifiques, personnalités de l’époque, sans oublier, bien sûr, des proches de Robert Saint-Rose, Zétwal, retrace cette extraordinaire aventure. Et compose en fin de compte le portrait d’un homme, d’un rêve, d’une société.
Echanges autour des résonances entre le film et l’esprit des Cosmopoétiques du refuge.

 

PROGRAMME DU 16/03

9h Café, thé à la compagnie, participation libre

Justine Feyereisen
Upside down
Utopie, migration et littérature : Imaginaires du monde renversé
De naufrages en naufrages s’impose l’image d’une Méditerranée devenue le cimetière des corps et des espoirs. Comment renverser cette politique de l’image en imagination politique ? Je propose une traversée dans l’imaginaire littéraire des mondes renversés depuis les Suds, où sont repensés le modèle de l’État-nation ainsi que les relations entre les nations et la hiérarchie entre les vivants.
Justine Feyereisen est docteure en langues et littératures françaises de l’Université libre de Bruxelles et de l’Université de Grenoble. Elle a mené des projets de recherche sur les notions d’espace, de migration, d’utopie et d’écotone depuis les littératures postcoloniales par le prisme de la philosophie politique à l’Université de Berkeley, à l’Université d’Oxford et à l’Université de Gand. Elle est l’autrice de Renouer avec la terre extatique : Essai de sensopoétique (Classiques Garnier, 2024).

Linda Boukhris
La fabrique de contre-imaginaires urbains : réparer les communs et archiver les futurs
Je reviendrai sur un projet de recherche mené sur la fabrique des récits contre-hégémoniques dans les espaces urbains européens. Ces contre-récits spatialisés mettent en scène les ruptures de la modernité coloniale mais produisent également du commun dans la mémoire collective. Un commun transmis dans l’expérience même de la pratique de la marche qui ouvre un espace-temps de réparation et qui, en se faisant archive vivante, active d’autres futurs. Je partagerai une expérience de marche urbaine conduite à Aubervilliers, dans la banlieue Nord de Paris, invitant à repenser les spatialités subalternes à partir des histoires croisées du végétal et du colonial.
Linda Boukhris est maîtresse de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Ses recherches en géographie ont porté sur les politiques de la nature, l’économie politique du tourisme et les processus de racialisation spatiale au Costa Rica. Elle s’est notamment intéressée aux contre-imaginaires de la nature à partir des socio-écologies afro-diasporiques pensées comme des écologies de la libération. Elle mène actuellement des recherches sur les mémoires coloniales depuis les espaces urbains européens.

Tiphaine Calmettes
Retourner l’interne et l’externe : la matière comme ouverture de rêverie
Un double mouvement : d’un côté, faire entrer l’extérieur dans nos intimités, repeupler nos espaces domestiques (« Faire fleurir le salon ») ; de l’autre, révéler les intérieurs, tant les entrailles de la terre crue que celles de nos corps dénudés. Ainsi recto et verso, endroit et envers, réalité et rêve s’enchevêtrent et se con-fondent dans la double hélice d’un seul et même mouvement de torsion créatrice. Un appel à écouter le magma sonore de nos bouches, de nos ventres et des gargouillis telluriques.
Tiphaine Calmettes vit dans la campagne Aixoise et travaille à Marseille. À travers sa pratique de la sculpture, de l’installation, et de formes performatives sous forme de repas, elle s’intéresse au rapport que nous entretenons avec notre environnement et questionne l’interdépendance entre les formes de vie et le statut de ces dernières dans notre considération des êtres animés. En s’entourant de chercheureuses, notamment en anthropologie et histoire, elle s’intéresse à la manière dont nos modes d’être au monde peuvent être repensés en ravivant des pratiques et des savoir-faire oubliés. Elle cherche à mettre les récits en chair sous la forme d’expériences collectives. Entre autres distinctions, elle est lauréate du Prix Aware 2020.

13 h Pause déjeuner, prix doux

14 h reprise

Matthieu Noucher
L’art de la fugue cartographique
Absence d’informations, oublis involontaires ou invisibilisation à des fins politiques ou culturelles, les blancs laissés sur les cartes ne sont jamais neutres. Ces zones vides décuplent la curiosité et parfois même les fantasmes de ce qu’elles représentent ou peuvent cacher. Alors que nous sommes aujourd’hui saturés de données, je propose une balade à travers une dizaine de cartes qui seront exposées. On se demandera s’il est toujours pertinent de combler un blanc ?
Il s’agit de renverser le regard que nous portons habituellement sur les cartes en révélant la diversité de leurs silences. Cette courte séquence permettra de préparer une future session visant à nous immerger, collectivement, dans quelques blancs des cartes de Marseille.
Matthieu Noucher est géographe, chercheur au CNRS (Laboratoire PASSAGES, Bordeaux). Ses travaux s’ancrent dans le champ de la cartographie critique par une analyse des enjeux socio-politiques et culturels de la fabrique cartographique contemporaine. Il s’intéresse en particulier aux marges territoriales qui à bien des égards peuvent aussi être considérées comme des marges cartographiques. Parmi ses publications : codirection et contributions à L’atlas critique de la Guyane (CNRS, 2020) et Blanc des cartes et boîtes noires algorithmiques (CNRS, 2023). En avril 2024, il publie avec Sylvain Genevois et Xemartin Laborde, Blancs des cartes, un atlas du vide (Éditions Autrement).

Hélène Artaud
L’océan clandestin : fabrique, circulations et hybridations de nos mers intérieures
La solitude des explorateurs et des anthropologues est peuplée de partenaires invisibles : des œuvres, des légendes, des instruments qui participent à forger les mers qu’ils prétendent découvrir. C’est d’un océan clandestin, spectral, qui nous peuple et nous hante, à notre insu, qu’il sera question ici : l’Atlantique.
Hélène Artaud est anthropologue, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, (Habilitée à Diriger des Recherches, HDR) et rédactrice en chef de la collection « Natures en sociétés », aux publications scientifiques du MNHN. Ses recherches explorent les formes d’interactions des sociétés humaines avec la mer, en insistant plus particulièrement sur leurs fondements sensibles : affectifs et sensoriels, ainsi que leur devenir et transformations dans un contexte postcolonial. Elle est notamment l’auteure de Immersion. Rencontre des mondes atlantique et pacifique, Empêcheurs de penser en rond, éditions de La Découverte, Paris, 2023

Géraldine Le Roux
Tresser le plein et le vide à partir de mers anthropocènisées
Initiative écologique, affirmation identitaire et expériences esthétiques dans le grand nord australien
L’étude anthropologique du recyclage artistique des déchets fait apparaître un déplacement, celui par lequel le filet de pêche (ghost nets) passe du statut de déchet marin à celui de matériau vecteur de cosmovisions et de savoir-faire. Dans des communautés autochtones du nord de l’Australie, le filet perdu devient un révélateur de liens entre humains et non-humains et s’articule aux règles culturelles qui régissent l’entrée dans l’espace marin.
Géraldine Le Roux, anthropologue et commissaire d’exposition, enseignante-chercheuse à l’université de Bretagne Occidentale. Elle est directrice et investigatrice principale d’OSPAPIK: https://ospapik.eu/. Elle est  l’auteure de nombreuses publications dont Sea Sisters, un équipage féminin à l’épreuve de la pollution dans le Pacifique (prix du livre engagé pour la planète 2021) et de L’art des ghostnets. Approches anthropologique et esthétique des filets-fantômes (prix du livre insulaire du festival de Ouessant 2023).

 Maya Mihindou
« Les bêtes nous regardent et nous n’avons pas honte. »
Conférence illustrée.
Un jour, alors que j’étais dans le Choco, cet endroit « le plus humide du monde », où vivent les populations afrocolombiennes, mestizas et indigenas j’ai rencontré Dario, et je lui ai demandé : tu m’emmènes en mer pour voir les baleines à bosse ? Il m’a dit : moi, je ne peux pas car en ce moment, la nuit, je protège la ponte des tortues. Mais je connais un ami pêcheur qui va pouvoir t’emmener.
Née sur la ligne de l’Equateur, Maya Mihindou est une artiste et autrice franco-gabonaise qui travaille à Marseille. Elle contribue à diverses revues indépendantes et creuse la question des mémoires déracinées, fragiles et créatrices qu’elle s’attache à transcrire dans des livres et sur des murs. En 2021, elle conçoit une fresque, Les chercheurs d’or, pour l’exposition Sarah Maldoror : cinéma Tricontinental au Palais de Tokyo et, l’année suivante, à la Biennale « Yango ! » de Kinshasa, elle propose la fresque TOKO ZELA LOBI TE ! En 2024, elle participe à l’exposition Power Up ! Imaginaires techniques et utopies sociales à Saint Nazaire et Mulhouse, par une proposition cartographique : Fondation d’un sys-tème énergétique féministe d’après Cara New Daggett, réhaussé des propositions de Solange Fernex, Fatima Ouassak et Vandana Shiva.

Mariam Benbakkar
« Chaque goutte d’eau libre »
Dans un premier temps, mes paroles s’entrelaceront à celles de Maya Mihindou afin de vous initier à l’odyssée d’un illustre défunt. Chaque goutte d’eau libre que je croise en porte encore le témoignage…
Puis, en écho aux mers et océans qui traversent mon parcours, je conterai une histoire en hommage à deux Lalla : Fadma l’algérienne et Fatna la marocaine vues depuis le port de Marseille.
Franco-marocaine, Mariam Benbakkar est une photographe, vidéaste, performeuse et curatrice qui, depuis son arrivée à Marseille il y a 10 ans, s’est plongée dans les archives du port afin d’en proposer des visites décoloniales. Elle est la co-fondatrice du collectif artiviste « Filles de Blédards » avec lequel elle organise régulièrement des événements avec des artistes émergents autour des imaginaires post-coloniaux en France.

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Pause buffet, prix doux


Reprise vers 20h30 – 21h

Soeuf Elbadawi
De la rivière asséchée (ou esseulée) un torrent 
Performance submersive.
Shiranka* dit qu’il suffit d’un filet d’eau pour que le verbe s’inquiète à nouveau de l’humanité égarée. Écraser le silence, le mettre dans une boîte blanche ensuite, traduit une nécessité, à ses yeux. Car la vie, elle, se moquera toujours du sourd-muet, qui, lui, ne peut que voir s’effondrer le récit. Ainsi parle le vieux Shiranka à tous ceux qui pensent que la fin du monde est proche… De la rivière esseulée sort un filet, qui annonce un torrent de mots. C’est là que se nouent les pactes du shungu.
Né à Moroni, Soeuf Elbadawi vit entre la France et les Comores, où il a fondé sa compagnie – O Mcezo* BillKiss* – il y a 14 ans. Ancien journaliste (RFI, Africultures ou encore Kashkazi), il a notamment publié Moroni Blues/ Chap. II (Bilk & Soul) et Un dhikri pour nos morts la rage entre les dents (Vents d’Ailleurs). Obsession(s), son dernier spectacle, a été créé au Théâtre Antoine Vitez d’Ivry sur Seine en 2018. Sa prochaine création, « Je suis blanc et je vous merde », est au programme des Zébrures d’automne dans le Limousin. Soeuf Elbadawi se réclame d’un théâtre citoyen, questionnant la relation à partir du vécu politique de son pays. A la tête du groupe Mwezi WaQ., il a fait paraître Le Blues des sourds-muets (label Buda musique), album sorti en 2022.

Myriam Mihindou & Annie-Flore Batchiellilys
Ganzi ( 6mn.)
Projection.
Film VR réalisé dans le cadre de l’œuvre collaborative « Spectrographies, contes de l’île étoilée ». Sorte de manifeste pour un autre rapport aux mémoires douloureuses. En contrepoint des commémorations officielles (et des enjeux politiques et financiers qu’elles suscitent), célébrer les gestes et visions des opprimé.es, à la lumière des enjeux contemporains, pour en faire une source de transformation radicale du présent. Ce film sera aussi l’occasion d’évoquer le projet de réalisation des « Spectrographies submersives » à Marseille.

Fin : Musiques afrodiasporiques (Océan indien, Comores, Réunion, Caraïbes, Afrobeat, Brésil, etc.).

 

Avec le soutien du programme art et citoyenneté ‘Composer les savoirs pour imaginer un avenir durable’ de la Fondation Daniel et Nina Caraso (fondation sous l’égide de la fondation de France)

visuels : Maya Mihindou, « Cosmopoétiques du refuge, cosmogramme #1, spectographie des territoires de l’envers »

Le cosmogramme 1# a eu une suite, le cosmogramme 2# :

16.11.2024 — 1.02.2025 Eloge de la submersion, une proposition de Dénètem Touam Bona avec la compagnie

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